mardi 31 mars 2015

Une sans rue

« Elle cousait dix-sept heures par jour; mais un entrepreneur du travail des prisons, qui faisait travailler les prisonnières au rabais, fit tout à coup baisser les prix, ce qui réduisit la journée des ouvrières libres à neuf sous. Dix-sept heures de travail, et neuf sous par jour ! Ses créanciers étaient plus impitoyables que jamais. Le fripier, qui avait repris presque tous les meubles, lui disait sans cesse : Quand me payeras-tu coquine ? Que voulait-on d’elle, bon Dieu ! Elle se sentait traquée et il se développait en elle quelque chose de la bête farouche. Vers le même temps, le Thénardier lui écrivit que décidément il avait attendu avec beaucoup trop de bonté, et qu’il lui fallait cent francs, tout de suite; sinon qu’il mettrait à la porte la petite Cosette, toute convalescente de sa grande maladie, par le froid, par les chemins, et qu’elle deviendrait ce qu’elle pourrait, et qu’elle crèverait, si elle voulait. — Cent francs, songea Fantine ! Mais où y a-t-il un état à gagner cent sous par jour ? — Allons ! dit-elle, vendons le reste. L’infortunée se fit fille publique. »
Extrait d’un manuscrit sauvé par Madame Juliette Drouet, alors que son auteur, menacé d’une arrestation certaine par les sbires du hacheur de parisiens Napoléon le Petit en décembre 1851, avait dû prendre la fuite et s’exiler. Cet auteur, aimé, adoré, admiré, vénéré par cette même Dame Drouet, eut une certaine notoriété pour laquelle l’inspiration, le soutien, les encouragements, la consolation, la tendresse, la sensualité, l'intelligence, le travail de « Juju » furent essentiels.


Repères historiques :
- Coup d’Etat de Napoléon III, décembre 1851 : 400 parisiens saignés ; - Journées de répression de juin 1848, 2ème république : 5000 parisiens occis ;
- Répression de la Commune de Paris, mai 1871, 3ème république : 7500 parisiens abattus.
La grâce séduisante d'une gorge naissante
Un nuage de taffetas cachant ses doux appâts
C'est Juliette Drouet partant pour Guernesey
Où trottent des ânons portant de longs caleçons

Dans la vieille diligence qui sautille en cadence
Elle tire de son corsage un merveilleux message
Et Juliette Drouet plus fraîche qu'un bouquet
Se met à le relire et rougit de plaisir

Près d'elle sur la banquette un argousin la guette
On ne plaisantait pas sous Napoléon III
Mais Juliette Drouet jette au loin le billet
Un chevreau le dévore le pandore s'endort

Mais voici Guernesey, Juliette aux aguets
Aperçoit sur le port la barbe de Victor
Tous les vieux Anglo-Normands sourient en les voyant
Marcher bras dessus, bras dessous se faire les yeux doux

Les petits ânes en caleçon ouvrent de grands yeux ronds
On ne voit pas tous les jours le génie et l'amour
Dans le champ des étoiles une faucille d'or
Juliette s'endort dans les bras de Victor

Une faucille d'or dans le champ des étoiles
Veille jusqu'à l'aurore sur Juliette et Totor

Ricet Barrier.


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