samedi 2 mai 2015

Dieu a un beau cul

Pour faire le lien avec le thème de la prochaine émission de Dans l'herbe tendre, voici une petite et amusante histoire de censure. C'est à propos de ce Jugement dernier (1541), qui recouvre la totalité du mur du fond de la chapelle Sixtine, chez le pape, un quai de métro aux heures de pointe soit dit en passant. L'auteur en est Michel-Ange, sculpteur à qui Paul III demanda de faire de la peinture, ça commençait mal, c'était pas son job. Je précise que ce Michel-Ange n'a rien à voir avec Mickey-Mouse, dont les dessins faisaient la joie ineffable et quasi exclusive d'un voisin du pape, Benito Mussolini, le premier à reconnaître le Vatican comme Etat indépendant de droit depuis l'unité italienne, soit dit en passant.

            Si je me souviens bien, Apollon entouré de tout un tas de gens terrorisés par sa puissance impérieuse

En 1535, le pape Paul III commande à Michel-Ange une immense fresque pour orner le mur de l’autel de la Chapelle Sixtine. Avant même qu’elle soit achevée, cette œuvre est déjà violemment critiquée. "Même un tenancier de bordel fermerait les yeux pour ne pas voir cet obscène établissement de bains !" s’exclame l'écrivain Pierre l'Arétin. Et pour cause : les quatre cents personnages qui y figurent, parmi lesquels des saints et le Christ, sont représentés complètement nus. Un jour, le Pape vient s'enquérir de l'avancée des travaux auprès de Michel-Ange accompagné de son maitre de cérémonie, le cardinal Biagio da Cesena. Ce dernier se scandalise de cette nudité devant Michel-Ange et compare l'oeuvre à une "scène des bains publics et des auberges". Rancunier mais non sans humour, Michel-Ange s’amuse alors à reprendre les traits du cardinal pour représenter Minos, démon juge des Enfers, qu’il dote d’oreilles d’âne et autour duquel vient s’enrouler un serpent qui lui mord le sexe.

Malgré les demandes insistantes du cardinal, Michel-Ange refusera de recouvrir ses personnages et s’obstinera à les représenter en tenue d’Adam.

Le pape,admirateur de Michel-Ange prendra soin de ne pas s'impliquer. Un an à peine après la mort de l’immense artiste, un archevêque chargera Daniele da Volterra d’habiller les personnages de la fresque. Le peintre toscan limitera ses retouches à des voiles légers (que vous pouvez voir sur le tableau en vous rapprochant). Hélas ! ayant rajouté des braghe (culottes) Daniel de Volerra recevra et conservera pour toujours le surnom de "peintre des culottes", ce qui ruinera sa carrière définitivement. Pour gagner du temps j'ai repris pas mal de termes de ce site : http://artly.fr/Newsletters/Jugement_dernier_l.html


Pour terminer je voudrais citer l'Eternel dans la Genèse, au moment où il sépare le jour de la nuit, l'ombre de la lumière : "Avez-vous remarqué que j'avais un beau cul ?"

                                          Michel-Ange.- Plafond Sixtine, détail.

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