mardi 21 juillet 2015

Jouons un peu avec les fesse-mathieux

Avant la réunion historique des chefs d'Etat et de gouvernements à Bruxelles le 12 juillet 2015 à propos du plan d'aide à la Grèce, le pays aujourd'hui annexé avait été invité à s'exprimer par référendum. En peuple responsable, les grecs avaient souhaité documenter leur décision avant l'échéance électorale, en questionnant leur courtier en conditions de vie et environnement, Alexis Tsipras, sur les propositions de l'oligarchie européenne et son organe majeur, l'EurogroupeLa Plèbe, hâte déjà va pense à vous, vacanciers ingrats ! Elle a envoyé spécialement se faire voir là-bas son spécialiste Rouletonboss, afin qu'il vous ramène un état des lieux des états d'esprits avant la victoire du "non". Le reporter a rendu sa copie sous forme de dialogue allégorique (il est très littéraire) entre le Peuple grec, et Tsipras, copie qui semblait précieuse en ce que rétrospectivement elle apportait les éléments aptes à nous aider à comprendre le séisme ultérieur . Malheureusement j'ai appris qu'il n'avait pas mis les pieds chez les hellènes, et que le fourbe avait plagié pour son article un texte assez fameux, tout cela sous prétexte que nous ne lui défrayions pas ses frais de transports ! Ce que les gens peuvent être près de leurs sous !

Mais, avisé lecteur que l'actualité passionne, sauras-tu retrouver l'auteur et le titre de ce texte honteusement pillé à la troïkarde ? A toi de jouer !


AVANT L'ANSCHLUSS
de notre envoyé spécial à Athènes Joseph Joséphin Rouletoboss

LE PEUPLE GREC.- Quelle réponse t’a-t-on faite ?

TSIPRAS.- Ma foi, mon Peuple, ceux qui empruntent sont bien malheureux ; et il faut essuyer d’étranges choses, lorsqu’on en est réduit à passer, comme vous, par les mains des fesse-mathieux !

LE PEUPLE GREC.- L’affaire ne se fera point ?

TSIPRAS.- Pardonnez-moi. Notre maître Hollande, l'ami qu’on nous a donné, homme agissant, et plein de zèle, dit, avec toute sa classe politique munichoise, qu’il a fait rage pour vous ; et il assure, que votre seul prestige civilisationnel lui a gagné le cœur.

LE PEUPLE GREC.- J’aurai les 80 milliards que je demande ?

TSIPRAS.- Oui ; mais à quelques petites conditions, qu’il faudra que vous acceptiez, si vous avez dessein que les choses se fassent.

LE PEUPLE GREC.- T’a-t-il fait parler à celui qui doit prêter l’argent ?

TSIPRAS.- Ah ! vraiment, cela ne va pas de la sorte. Il apporte encore plus de soin à se cacher que vous face à une charge de police, et ce sont des mystères bien plus grands que vous ne pensez. On ne veut point du tout dire son nom, et l’on doit demain l’aboucher avec vous (enfin, avec moi) dans une maison empruntée de Bruxelles, pour être instruit, par ma bouche, de votre bien, et de votre patrimoine ; et je ne doute point que le seul recensement de celui-ci ne rende les choses faciles.

LE PEUPLE GREC.- Et principalement mes biens publics, dont on ne peut m’ôter la possession.

TSIPRAS.- Voici quelques articles qu’il a dictés lui-même à notre entremetteur Hollande, pour vous être montrés, avant que de rien faire.

Supposé que le prêteur voie toutes ses sûretés, et que l’emprunteur soit souverain, et d’une zone où le bien soit ample, solide, assuré, clair, et net de tout embarras ; on fera une bonne et exacte obligation par-devant chefs d’Etat et de gouvernement, les plus honnêtes qu’ils se pourront, et qui pour cet effet seront choisis par le prêteur, auquel il importe le plus que l’acte soit dûment dressé.


LE PEUPLE GREC.- Il n’y a rien à dire à cela.

TSIPRAS.- Le prêteur, pour ne charger sa conscience d’aucun scrupule, prétend ne donner son argent qu’à 5.5 %.

LE PEUPLE GREC.- A 5.5 % ? Parbleu, voilà qui est honnête. Il n’y a pas lieu de se plaindre.

TSIPRAS.- Cela est vrai.

Mais comme ledit prêteur n’a pas chez lui la somme dont il est question, et que pour faire plaisir à l’emprunteur, il est contraint lui-même de l’emprunter d’un autre, sur le pied de 20 % ; il conviendra que ledit premier emprunteur paye cet intérêt, sans préjudice du reste, attendu que ce n’est que pour l’obliger, que ledit prêteur s’engage à cet emprunt.

LE PEUPLE GREC.- Comment diable ! quel Macron ! quel Schaüble est-ce là ? c’est plus qu’à 25 %

Tous les droits de la musique de Iannis Xenakis seront réservés pour tous pays à Mario Draghi

TSIPRAS.- Il est vrai, c’est ce que j’ai dit. Vous avez à voir là-dessus.

LE PEUPLE GREC.- Que veux-tu que je voie ? J’ai besoin d’argent ; et il faut bien que je consente à tout.

TSIPRAS.- C’est la réponse que j’ai faite.

LE PEUPLE GREC.- Il y a encore quelque chose ?

TSIPRAS.- Ce n’est plus qu’un petit article.

Des 80 milliards d’euros qu’on demande, le prêteur ne pourra compter en argent que 30 milliards d’euros qui pourront combler une partie de la somme due à l’oligarchie française ; et pour les 50 milliards d’euros restants, il faudra que l’emprunteur les transfère à un fonds luxembourgeois, l’Institut pour la croissance, dont la fonction est décrite dans le mémoire, somme que ledit prêteur a mise, de bonne foi, au plus modique montant qu’il lui a été possible.

LE PEUPLE GREC.- Que veut dire cela ?

TSIPRAS.- Écoutez le mémoire.

Premièrement, l’Institut devra vendre les ports grecs.

TSIPRAS.- Que veut-il que je fasse de cela ?

LA FLÈCHE.- Attendez.

Plus les îles grecques.

LE PEUPLE GREC.- Qu’ai-je affaire, morbleu...

TSIPRAS.- Donnez-vous patience.

Plus, il devra s’assurer qu’il n’y ait pas d’évaporation des capitaux ainsi réunis. Et amorcer le désendettement du pays.

LE PEUPLE GREC.- J’enrage.

TSIPRAS.- Doucement.

Les éphèbes grecs seront strictement réservés au sérail d'Angela Merkel et de ses copines de classe

Plus, des réformes de structure lui seront imposées, jusque dans le moindre détail, ou peu s’en faut.
Plus, la réforme du Code civil et de la date des soldes : un véritable jeu de l’oie renouvelé des Grecs, fort propre à passer le temps lorsque l’on n’a que faire.
Plus, la privatisation du réseau de distribution électrique, qui permettra à notre pâtre grec sous-développé d’utiliser
une lampe, curiosité agréable, pour pendre au plafond d’une chambre.
Le tout, ci-dessus mentionné, valant loyalement plus de cent milliards, et rabaissé à la valeur de 50 milliards, par la discrétion du prêteur.


LE PEUPLE GREC.- Que la peste l’étouffe avec sa discrétion, le traître, le bourreau qu’il est. A-t-on jamais parlé d’une usure semblable ? Et n’est-il pas content du furieux intérêt qu’il exige, sans vouloir encore m’obliger à me mettre sous sa tutelle ? Ca se soldera par une austérité encore plus carabinée que l’austérité d’avant le référendum par lequel nous nous exprimerons tout à l'heure et qui semble pencher pour l'anti-austérité ; et cependant il faut bien me résoudre à consentir à ce qu’il veut ; car il est en état de me faire tout accepter, et il me tient, le scélérat, le poignard sur la gorge.

TSIPRAS.- Je vous vois, Monsieur, ne vous en déplaise, dans le grand chemin justement que tenait Panurge pour se ruiner, prenant argent d’avance, achetant cher, vendant à bon marché, et mangeant son blé en herbe.


LE PEUPLE GREC.- Que veux-tu que j’y fasse ? Voilà où les pays vivants sont réduits par la maudite avarice du capitalisme ; et on s’étonne après cela que la jeunesse souhaite qu’il meure.

TSIPRAS.- Il faut avouer que vôtre créancier animerait contre sa vilenie le plus posé homme du monde. Je n’ai pas, Dieu merci, les inclinations fort patibulaires ; et parmi mes confrères, que je vois se mêler de beaucoup de petits commerces, je sais tirer adroitement mon épingle du jeu, et me démêler prudemment de toutes les galanteries qui sentent tant soit peu l’échelle : mais, à vous dire vrai, il me donnerait, par ses procédés, des tentations de le voler ; et je croirais, en le volant, faire une action méritoire.

Toute déviation zorbiste sera sévèrement réprimée. Des camps d'Auto-critique et de Travail seront ouverts pour les récalcitrants

LE PEUPLE GREC, se saisissant d'une boîte d'allumettes.- Donne-moi un peu ces propositions, que je les voie encore.

Allez ! On active ses méninges, ça aide à digérer l'all inclusive !
Dans un prochain jeu, nous traiterons des pousse-mégots et des nez-de-boeufs.


Félicitations à George Weaver qui a brillamment remporté ce jeu !

5 commentaires:

  1. Ah, diable ! Mais que vient faire Panurge dans ce texte ?
    Ça ne ressemble pourtant pas à du Rabelais.
    Par contre la dernière phrase, c'est du Renaud. Ça j'en suis sûr.

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  2. Bravo Jules, vous avez déjà gagné la question subsidiaire, la dernière phrase est bien de Renaud, du temps où il crachait dans les calots des flics, avant d'en venir, en proie à une sénilité précoce qui ne s'est jamais démentie depuis et qui le contraint à chanter sous lui, à les embrasser. Si vous voulez nous jouerons aussi avec les ringards, les folkeux et les journaleux, en hommage au grand chanteur disparu.
    En ce qui concerne le corps principal du jeu, ce n'est pas Rabelais, c'est donc ultérieur, et il y a des chances que ça vienne de son pays. George faisait référence dans un précédent commentaire à un de mes jeux au Lagarde et Michard. Ici c'est encore plus éloigné d'une littérature d'amateur érudit, je dirais programme de collège...
    Hug b. !

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  3. L'Avare, Acte II, scène 1 (dialogue entre Cléante et La Flèche.

    La coîncidence me stupéfie, Wrob, car moi qui n'avais pas relu cette pièce depuis bien 35 ans, il se trouve que je m'y suis replongé hier à cause d'une toute récente rediffusion des cours de Madame Simone de 1957, où on l'entend prodiguer ses conseils à Jenny Orléans pour la scène de flatterie de Frosine (Acte II, scène 5). C'est la deuxième partie de l'émission, c'est un régal et il faut aussi écouter la suite.
    Magie de la radio d'antan…

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  4. Bravo George ! Oui, c'est rigolo cette coïncidence, moi je l'ai relu très récemment, mais alors complètement par hasard, en piochant dans ma bibli. Troublant, en cette époque où la figure de l'usurier, de l'avare, domine le monde et sa vision ordinaire (mais non les reptiliens ou autres n'ont rien à voir là-dedans), et font naître le désir, sont sexy (ah! cette joie ineffable d'un de mes petits collègues quand son fils a obtenu l'entrée en HEC ! j'ai eu peur qu'il me tache en jouissant...), ce qui ne correspond pas vraiment à l'aspect répugnant de leur être réel.
    Je vais essayer d'écouter l'émission, pas toujours possible ici, sais pas pourquoi...
    Et merci d'avoir participé !

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  5. Merci à toi pour cet excellent détournement !

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