vendredi 27 novembre 2015

La guerre des clones

Ce matin, des paras à mitrailleuses m'attendaient devant mon lieu de travail, en plus des vigiles qui fouillent les sacs et demandent les papiers. Je bosse à St-Denis, il y a peut-être des risques d'attentat, je ne sais pas, je dis ça, je dis rien.

Ma collègue, celle qui m'avait imposé (enfin je n'avais rien dit, j'ai beau être rebelle aux diktats symboliques des pouvoirs, je n'en suis pas moins un garçon timide), l'affiche publicitaire m'identifiant à un journal que j'ai lu intégralement pendant des années (j'en avais même un exemplaire dans la cage d'une de mes gardes à vue, mais ça date, et c'était déjà chiant), qui ne me plaisait plus depuis des décennies, voir, pour être honnête et user d'une litote, qui m'était extrêmement antipathique depuis des lustres ; la collègue qui m'avait imposé l'affiche, donc, créée, brandie, vénérée par, pour la plupart, des gens n'ayant jamais lu une ligne de ce torchon, sommant par là ma tristesse et mon effroi réels de voir assassiner des êtres, des individus, des civils, dont certains faisaient partie du monde de mon enfance (Cabu, Wolinski), même s'ils ne faisaient pas partie de mon âge adulte, les sommant, donc, de sacrifier à un culte national et médiacratophile ; ma collègue, disais-je - mais heureusement j'ai changé de bureau, je suis en face maintenant -, a collé un drapeau français à sa vitre. En constatant cet édifiant raccourci entre le petit panneau blanc et noir et l'étendard bleu-blanc-rouge, je comprends mieux le-haut-le-coeur que j'avais ressenti il y a dix mois.

Bref, folle ambiance.

Je fais tourner les textes ci-dessous.

Notre gouvernement utilise l'état d'urgence et de l'hébétude dans laquelle les attentats ont laissé le pays pour museler toute forme de contestation politique et sociale.



Nazillons djihadistes.

Une campagne de désinformation a été lancé par la préfecture de police, complaisamment reprise par les radios d'Etat, afin de criminaliser les convois venus des ZAD de France manifester à Paris contre la COP21, les décrivant comme "une minorité contestataire radicale et violente de type zadiste" (ce qui ne veut rien dire, soit-dit en passant) pour justifier de leur interdire l'accès à la Région Ile-de-France.



Minoritaire contestataire radical de type zadiste.


Des perquisitions ont eues lieu dans plusieurs lieux de vie sociale et d'organisation politique à Paris et alentour. Et plusieurs personnes dont le seul crime est de lutter pour la justice sociale et climatique ont été menacées par la police, suivies dans la rue, convoquées au commissariat, interrogés pendant des heures, certaines mêmes déférées au tribunal, ou assignées à résidence jusqu'au 12 décembre (date de fin de la COP21, quelle surprise). 




L'armée du bien.


6 personnes venues soutenir un de leurs proches convoqué au commissariat (accusé d'avoir participé à la "manifestation illégale" de dimanche dernier en soutien aux migrants) ont été mises en garde à vue et interrogées par les flics avec des questions du genre :

"Votre ami, il milite ? Et vous ? Qu'est-ce que vous pensez des migrants ? Et de la COP21 ?"



Notre sauveur, avant.


Comment continuer à croire que ces mesures sont "pour notre sécurité" ?

Alors que sont ouverts les centres commerciaux, autorisés les match de foot, les marchés de noël et bien sûr les rassemblements d'hommage aux victimes des attentats, bref tout ce qui fait taire et subjugue sous l'émotion ou la ferveur collective ou consommatoire ?

Alors que les bombardements en Syrie et le trafic d'armes français ne font qu'alimenter le terrorisme ?

Les opposant-e-s à la COP21 et à son monde ont maintenu leur appel à manifester dimanche à 12h à République, auquel se sont joint de nombreuses organisations et personnalités.

Contre l'instrumentalisation du terrorisme par l’État, mobilisons-nous pour la défense de nos droits et l'urgence climatique !


Notre sauveur, après.

Ci-dessous :


Communiqué LDH
Paris, le 26 novembre 2015
 
Après avoir interdit les manifestations citoyennes autour de la COP21, voici que le ministre de l’Intérieur assigne à résidence M. Joël Domenjoud, en charge de la « legal team » de la coalition au motif qu’il ferait partie de l’ultra gauche parisienne qui veut remettre en cause la tenue de la COP. M. Domenjoud est tenu de pointer trois fois par jour au commissariat.
Si l’on avait besoin d’une confirmation que l’état d’urgence est un danger pour les libertés publiques, cette mesure en attesterait tant elle révèle que la lutte contre le terrorisme n’est ici qu’un prétexte pour interdire toute voix dissonante.
Comme nous l’avions craint, l’état d’urgence s’accompagne de mesures de plus en plus arbitraires.
D’ores et déjà nous demandons la levée immédiate de l’assignation à résidence de M. Joël Domenjoud.
Contact presse
Feriel Saadni, service communication LDH : 01 56 55 51 08, feriel.saadni@ldh-france.org

Allez, et comme en France, tout commence par des chansons, une petite pour se remonter le moral :


Dernières nouvelles

Salut à vous,

Ce matin à 9h les domiciles de compagnes et compagnons anarchistes de la région de Périgueux ont été perquisitionnés. Toutes les données informatiques ont été enregistrées et les domiciles photographiés. Cette "opération" ordonnée par le préfet de la Dordogne s'inscrit dans le cadre de l'"état d'urgence" décrété par les actuels gérants de l'état, à la suite des récents assassinats tragiques.

Faites connaître cette information...

A bientôt... peut être.


Bonjour à tou-te-s,

Hier nous avons déposé à plusieurs un référé liberté pour nous opposer à l'arrêté interdisant toute manifestation du 23 au 30 novembre.

Le copain au nom duquel le référé a été déposé a été pris en filature toute la matinée par les flics, qui ont fini par descendre chez lui (où il n'était pas), il est convoqué séance tenante au commissariat où il se rend en ce moment accompagné d'un avocat (commissariat de Vanves, 28 rue de Marcheron). Plus tôt ce matin le squat dans lequel vit son frère et ses ami-e-s a été perquisitionné, les ordinateurs ont été emportés et certain-e-s d'entre eux assigné-e-s à résidence. Il craint qu'il en aille de même pour lui. Pour info, il s'agit d'un copain très investi dans l'organisation de la Legal Team pour la COP ainsi que de l'accueil du convoi des ZADs.

J'essaie de faire tourner le plus amplement possible l'information, merci de m'y aider. Je vous donne des nouvelles dès que j'en sais plus.

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