vendredi 14 octobre 2016

A history of violence

La « violence » est une nouveauté historique ; nous autres, décadents, sommes les premiers à découvrir cette chose curieuse : la violence. Les sociétés traditionnelles connaissaient le vol, le blasphème, le parricide, le rapt, le sacrifice, l’affront et la vengeance ; les Etats modernes déjà, derrière le dilemme de la qualification des faits, tendaient à ne plus reconnaître que l’infraction à la Loi et la peine qui venait la corriger. Mais ils n’ignoraient pas les guerres extérieures et, à l’intérieur, la disciplinarisation autoritaire des corps. Seuls les Bloom, en fait, seuls les atomes frileux de la société impériale connaissent « la violence » comme mal radical et unique se présentant sous une infinité de masques derrière lesquels il importe si vitalement de la reconnaître, pour mieux l’éradiquer. En réalité, la violence existe pour nous comme ce dont nous avons été dépossédés, et qu’il nous faut à présent nous réapproprier.
Tiqqun.- Introduction à la guerre civile.
      Essorée par de multiples adaptations à l’opéra, au cinéma, cantonnée dans sa réputation de drame romantique, elle est pourtant faite de vengeances, de déliquescence politique et de haines familiales paroxysmiques. Mais non ! je ne vous parle pas de la primaire de la droite.


Le contraste est brutal entre la naïveté d’adolescents éperdus et la violence programmée des Montaigu et des Capulet qui ensanglantent Vérone, mus par une rancœur ancestrale dont le sens même leur échappe. « À l’opposé de la fade légende qui l’entoure, la pièce de Shakespeare nous suggère une dimension cachée de l’âme humaine : l’idéologie de la virilité meurtrit les femmes, perd les hommes et dresse des tombeaux là où devraient s’ouvrir les lits du vrai bonheur. »


     « Il y a un soleil noir dans cette pièce, c’est cela qu’il faut travailler », déclare Éric Ruf qui en assure la mise en scène et la scénographie. Car cette tragédie qui recèle quelques savoureux moments de comédie est une pièce fantôme qui n’a pas été aussi souvent montée qu’on pourrait le penser. Entrée au répertoire de la Comédie-Française en 1920, elle n’a pas été donnée Salle Richelieu depuis 1952.
Repris et réagencé d'un texte de Marc-Henri Arfeux, sauf les caractères gras.


      C'est un comble, pour une fois que je vais au théatre, c'est au cinéma ; et moi qui ne vais plus jamais au cinéma (depuis qu'ils ont supprimé le ciné-club et les jeudis du patrimoine dans mon établissement de banlieue), quand j'y retourne, c'est pour du théatre ! Mais je ne regrette pas : déjà pour l'ami de ce blog William Shakespeare, dont je n'avais jamais lu ni vu cette pièce illustre et à l'origine d'un mythe ; ensuite parce que, avec les acteurs (magnifique Suliane Brahim dans le rôle de Juju), les décors, la mise en scène, et le prestige de la grande maison, pour le dire comme Mercutio après qu'il s'est fait tailler une boutonnière au foie par Tybalt : j'ai eu mon compte !


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