vendredi 24 février 2017

Sacqueboute XI

   Pour cet épisode chers lecteurs, je vais vous mettre à contribution, car étant peu physionomiste et ne disposant pas de documentation assez pointue, n'ayant par ailleurs pas trouvé la vidéo du concert de Duke Ellington et de son orchestre en 1963 à l'Olympia à Paris, je ne suis pas certain que le tromboniste jouant dans le film ci-dessous est bien Lawrence Brown. A vous de me le confirmer, ou de me mettre le nez dans mon erreur.

   Le thème The Mooche (si vous trouvez le sens du titre, merci encore à vous - le glandeur ?) joué ici a été composé par Duke Ellington spécifiquement pour un de ses trombonistes, Joe Nanton (peut-être un jour ici..., peut-être que c'est lui sur la vidéo d'ailleurs...), comme il avait l'habitude de faire en tenant compte des points forts de ses musicos. Ce titre se prête effectivement parfaitement à la production d'un discours d'expression éléphantesque et de cocasserie plutôt burlesque.


   Pour vous aider, voici la photo du lascar (Brown). Si vous n'identifiez pas celui de la vidéo avec ça, franchement... :


   Vous remarquerez que dans son chorus (son solo), Brown (?) utilise une sourdine, comme une sorte de ventouse en caoutchouc. Grâce à cet accessoire, il produit tout un tas de sons rigolos, de distorsions de notes. Un effet wah-wah, mais aussi des sonorités rauques et grinçantes, comme si son instrument avait trop fumé. Ça a un nom : le growl, effectuée typiquement à la trompette, mais aussi, donc, au trombone, dans le style « jungle » joué par les orchestres du Duke à partir de 1925. Avec le trombone faut pas être manchot : une main qui tient l'instrument, une main qui tient la sourdine, et une main qui fait glisser la coulisse. Comptez vous même, et expliquez-moi comment il fait...

   Priviouzlyonne Sacqueboute :

- Treme

8 commentaires:

  1. Un chouette morceau, pour sûr.
    Le béotien que je suis n'apprécie vraiment le jazz qu'avant 1940.
    Je sais, ça se dit pas en public.
    Tant pis, c'est dit.

    RépondreSupprimer
    Réponses
    1. Il y a encore quelques années j'étais comme toi. Je connaissais le jazz par mon père, qui lui aussi s'était arrêté aux grands orchestres swing des 40's. Et puis j'ai eu envie de creuser un peu, de découvrir à qui correspondaient les noms légendaires de Charlie Parker, Thelonious Monk, Miles Davis, Bill Evans, John Coltrane, Cannonball Adderley, Charlie Mingus, j'en passe un paquet. Et puis le nom mystérieux des styles m'attirait aussi : c'est quoi le bebop ? le jazz west coast ? le jazz rock ? le free jazz ? le jazz cool ? le jazz modal ? Et quel plaisir retiraient de l'écoute de tout cela les fanas de jazz. Bref, j'ai repris des études (métaphoriquement parlant), mais l'objet est tellement vaste et j'ai si peu de temps à lui consacrer que je peux dire encore aujourd'hui, comme toi, que je suis un béotien en la matière. Et j'ai dû faire l'impasse sur toute la musique pop et rock, et autres, dont j'aime écouter les bons morceaux, mais fasse à laquelle je suis largué.

      Supprimer
  2. Et en argot américain des années 30, un "mooche" est effectivement un type qui se lève tard et ne fout rien de ses journées. Quelque peu différent de "moocher" qui est plus un parasite, tapeur, boulet comme dans le "Minnie the moocher" de Cab Calloway.
    Enfin, d'après mon dico.

    RépondreSupprimer
  3. Merci ! Je n'avais pas trouvé le substantif dans le mien de dico (en ligne), mais le verbe to mooch : traîner, traînasser. J'avais donc eu l'intuition pour le nom : glandeur. J'ai toujours été doué pour les langues (sourire).

    RépondreSupprimer
  4. Pour la réponse numéro deux, amoureux des films noirs américains des années 30/40/50, le jazz "old style" me suffisait bien.
    J'ai surtout détesté le snobisme, le mépris et la cuistrerie des amateurs de jazz de ma jeunesse (prenons un festival, à la base populaire qui est devenu un déversoir de fric et de pédanterie au fin fond de ma cambrousse d'origine, par exemple).
    Là où ça devient drôle c'est que le rock étant devenu une musique "de vieux" reconnue par l'institution, les mêmes défauts ont touché le milieu du rock n roll, y compris le plus en marginal.
    Enfin, j'imagine qu'on est tous le snob de quelqu'un d'autre...
    Et puis, ça fait belle lurette que ces barrières sont artificielles : le MC5 reprenait du Sun Ra sur scène , les Ex ont joué avec Tom Cora ou John Zorn, le punk hard-core est devenu free jazz....
    Enfin, on respire un peu mieux.
    Ça se fait rare ces temps-ci.

    RépondreSupprimer
  5. J'avoue que je suis plus un amateur sur disque. Pas que j'aime pas les concerts, j'aime bien, mais pas assez passionné pour en avoir fait beaucoup. Je me rappelle avoir vu Henri Texier (au demeurant superbe musicien et mec vraiment sympa, je te le conseille) sous le marché couvert de Sens (où j'habitais jusqu'au bac, mais là j'y étais retourné après pour voir mon daron), où effectivement un certain gratin qui aurait pu me donner des boutons était présent. Mais j'étais trop bourré, et pour ne pas aimer tout le monde, et pour pouvoir apprécier la musique. On s'est d'ailleurs barré au bistro avant la fin pour se mettre la dernière couche bien comme il faut. Que de coups de poignards dans ma jeunesse, c'que c'est triste !

    Ton avant dernière phrase me trouble, voir m'effraie. Serais-tu doué de pré-science ? Le post que je réserve au plaisir de mes milliers de lecteurs pour ce soir, traite justement ce sujet, mais deux fois pas dans le sens que tu lui donnes...

    RépondreSupprimer
  6. Autres sacqueboutes célèbres: Glenn Ferris, Tom Malone...

    RépondreSupprimer
  7. Glenn Ferris on l'entend beaucoup en ce moment, notamment dans la production française. Dès qu'il y a un trombone, c'est lui ! Je pense par exemple à l'album confidentiel Monica Shaka featuring Tony Scott, mais il y en a plein d'autres. Tom Malone je ne connais pas. A creuser... Bientôt J.J. Johnson ici.

    RépondreSupprimer

Y a un tour de parole !