mercredi 30 novembre 2016

Sacqueboute II : le tonton souffleur

Au tout début, le trombone dans le jazz, c'était ça :


avec tout plein de glissendi rigolos.


Kid Ory ressemble à Robert Dalban, je trouve.


"Si ces messieurs veulent bien me les confier !"

Joueurs de sacque-boute précédents :
- Frank Rosolino
- Rico Rodriguez


La Plèbe écoute tout le temps :

Jeudi 1er décembre : Jazzlib' (jazz). Thème de la bi-mensualité : escapade par l'actualité du disque, avec une sélection de nouveautés françaises et étrangères, rééditions etc.
When, where, how ?
Jazzlib' sur radio libertaire 89,4 FM en RP. Tous les 1er et 3e jeudis de 20:30 à 22:00.
Podcast ou téléchargement MP3, pendant un mois, sur la grille des programmes.
Cliquer sur le lien correspondant à la bonne date (Jazzlib'/Entre chiens et loups). Attention de bien vérifier que vous êtes sur le 1er ou/et 3e jeudi, vous avez, en haut à gauche, les semaines disponibles.

lundi 28 novembre 2016

Über cool !

La vie d'un entrepreneur est plus dure que celle d'un salarié.
Emmanuel Macron.

Travis Kalanick. Chargez votre imprimante de papier toilette blanc, lancez l'impression et obtenez un ineffable torche-cul, bien plus post-moderne que Modes et travaux.

      A la porte du camp de la Crude était affichée une offre d’emploi :
      « On embauche excellents chauffeurs de camion. Travail dangereux. Haut salaires. S’adresser au bureau. »
      Le matin, il y avait eu une conférence, dans le bungalow du boss, entre lui, le spécialiste envoyé par Dallas (Texas) – qui venait d’arriver dans un avion de la compagnie – le chef des transports et celui du matériel.
      – […] pour la question du personnel, débrouillez-vous, je m’en fous. […] Il est absurde de faire venir des States une équipe de chauffeurs spécialistes. […] S’ils refusent, […] si nous renvoyons alors les garçons pour en venir à ma solution de main-d’œuvre locale, vous entendrez gueuler le Syndicat. 


      Entendre gueuler le Syndicat a toujours été le permanent cauchemar de tous les dirigeants d’exploitation yankees.
      – Voyons, essayez de comprendre. Qui va se présenter à l’embauche ? Une foule de ces enfants de putain de Noirs, d’abord. Ceux-là, il ne nous en faut pas.
      – Pourquoi ? Demanda naïvement le chef du matériel qui, jusque-là, s’était curé les dents en silence. Pourquoi ? Il me semble…
      – Il vous semble qu’ils ne nous ont pas chauffé suffisamment les oreilles avec les quatorze morts d’avant-hier ? Et quand deux ou trois citoyens guatémaltèques auront avalé leur bulletin de naissance sous nos auspices, vous pensez que nous n’aurons aucun ennui supplémentaire avec leur gouvernement de nègres, leur presse de singes et leur clique d’hommes des bois ? Allons !
[…]
      - Je n’y avais pas pensé. 


      - A part les indigènes, qui est-ce qui va se présenter à l’embauche ? enchaîna le boss. Mais les tramps¹, naturellement. Dans cette ville de mort où seuls nous retiennent notre travail et les indemnités de zone, il y a des hommes qui feraient n’importe quoi pour en sortir. C’est ceux-là qu’il nous faut. Eux accepteront de conduire vos espèces de camions […]. Ma parole, pour toucher le paquet, ils feraient le parcours à cloche-pied avec la charge sur le dos. Et ceux qui sauteront laisseront-ils des ayants droit ? Et quel syndicat viendra nous chercher des poux dans la tête en leur nom ?
      – Et on ne serait pas obligé de les payer tellement cher […].

1 Tramps : vagabonds.


Allez, un aller-retour Villiers-le-Bel (95) - Saint-Denis (93) offert à celle(lui) qui trouve l'auteur et le titre de l'ouvrage dont est tiré ce texte. Pour participer, allez sur l'appli #jouonsunpeuavec.



Ils ont décroché le job. Bravo à Jules et à CHROUM-B. ! C'est marrant, dans mon souvenir c'était Ventura à la place de Montand... Peut-être un rejet de notre stalino-libéral national, que j'apprécie pourtant tant en tant qu'acteur que de chanteur...

vendredi 25 novembre 2016

Maigrir pour des idées




      Difficile de commenter après la baffe que j'ai prise en voyant ce film. On avait déjà évoqué la guerre féroce de Thatcher et son monde contre le prolétariat anglais. Ici, ce sont les résistants indigènes républicains anti-colonialistes (assez intransigeants aussi, c'est le moins qu'on puisse dire), qui vont payer le tribut impitoyable du vaincu.

      Pour eux, la résistance, dont l'objet était l'obtention du statut de prisonnier politique, passe par le refus de la tenue de prisonnier, donc par la nudité, et la grève de l'hygiène : les corps ne seront pas lavés ; toutes les excrétions seront utilisées pour tapisser les murs des cellules, parfois en surprenantes oeuvres d'art ; les restes alimentaires seront stockés jusqu'à putréfaction ; l'urine réservée dans les pots, afin d'être déversée en commun au même moment dans les couloirs, transformant ceux-ci en marécages de pisse. Les nombreux stratagèmes par lesquels les détenus parviennent à communiquer entre eux et avec l'extérieur réussissent à nous faire sourire, un peu jaune quand même. Les cassages de gueules par les matons, eux, sont en revanche franchement pénibles, mais certainement moins pour nous que pour eux.

      Le comédien jouant Bobby Sands a, pour le film et sous contrôle médical maigri jusqu'à l'apparence squelettique d'un non alimenté de 60 jours, une performance glaçante. Car après la grève de l'hygiène et suite au mépris de Thatcher, les prisonniers entament une grève de la faim illimitée, et meurent : neuf y sont restés.

      On est sur les nerfs d'un bout à l'autre, c'est dire si on ne s'ennuie pas une seconde. Le seul moment de détente est celui où le surveillant de prison va voir sa maman à la maison de retraite.

mercredi 23 novembre 2016

Sacqueboute : Groucho tragique


      Encore un destin tragique, mais ne croyez pas que je me fais une spécialité du croustillant, du gore ou du morbide, et que je m'en délecte. C'est juste la loi des séries du hasard de mes idées foutraques pour alimenter ce blog. Frank Rosolino est avant tout un magnifique tromboniste (ah ! je ne vous ai pas dit que je me suis mis au buccin, ça vous vaudra sûrement plusieurs posts sur des joueurs de trompette basse, à coulisse le plus souvent).

      Alors qu'il a été toute sa vie un musicien du genre plutôt déconneur et jovial (comme d'habitude je cite de mémoire, pas de copier-coller de Wiki), d'où le titre du post, ce musicien west-coast a fini, à la sidération de tous, par se suicider au revolver (ou pistolet) après avoir tué ses deux enfants. Le pire étant que l'un des deux a survécu. Corrigez-moi si je déforme les choses pour cause de mémoire qui flanche ou de fantasmes intempestifs.

Mais il nous reste sa musique, enjoy donc.

lundi 21 novembre 2016

Fuocoammare


      Entre la vie à la Tom Sawyer d’un jeune garçon sur sa petite île (Lampedusa, 20.2 km², 205 km de la Sicile, 167.2 km de la Tunisie) et l’enfer dantesque des damnés de la terre : leurs deux lignes de vie, de survie ou de mort ne se croiseront jamais. Ici, on se dit que l’armée, si ses missions n’étaient toujours que celles-ci (sauver les naufragés), pourrait paraître sympathique, et ne serait par conséquent plus l'armée. Mais c’est sans compter sur la lâcheté, l’avidité et l’indifférence à la souffrance humaine des Etats et de leurs politiciens, qui, ne participant pas financièrement à cette opération initiée par l’Italie (Mare Nostrum) en précipitèrent la fin. L’opération Triton qui lui a succédé, consistant à faire du cabotage près des côtes (alors que Mare Nostrum allait repêcher en haute mer à des dizaines de miles), n’ayant pas son ampleur, et étant d’ailleurs sous la coupe de Frontex, dont le but est la protection des frontières de l’Europe forteresse, pas le sauvetage de vies humaines.

      Nous on est bien sûr pour qu'on efface toutes les lignes par terre. Mais quand on pense que la plupart de ces migrants entrent dans le cadre de la définition du réfugié de la convention de Genève de 1951, convention signée par de nombreux Etats européens dont la France, et que par conséquents ils devraient être transportés dans de bonnes conditions par avion ou bateau vers les pays d'accueil au lieu de subir cet enfer, on se dit que le mot "légalité" doit énormément faire rire dans les couloirs des ministères. Les 100 000 migrants sauvés en moins d'un an par Mare Nostrum équivaudront donc à autant de morts supplémentaires les années suivantes. Et c'est maintenant la Turquie qui fera le tri entre bons réfugiés et mauvais, avec retour direct chez Erdogan en cas de passage clandestin.

     Quant à moi, n'étant pas consommateur des nouvelles à la TSF, j'ai été choqué par les cadavres du film : ce ne sont pas des comédiens ; ce n'est pas un coup des Quat'z'arts non plus.

"Dal tuo stellato soglio", du Mosé in Egitto (Moïse en Egypte) de Rossini

Ma dernière actu ciné.

Ah ! et pour finir, un blog excellent sur le sujet.

vendredi 18 novembre 2016

C'est trop injuste


      - C’est comme ça, mon vieux. Nous sommes des flics et personne ne peut nous blairer. Comme on n’a pas assez d’embêtements, il faut encore qu’on vous ait, vous. Comme si on était pas déjà assez ballotés entre le coroner et ses services, le Conseil municipal et sa maffia ; le Commissaire de jour et le Commissaire de nuit, la Chambre de commerce et monsieur le Maire dans son bureau à lambris dorés, quatre fois plus grand à lui tout seul que les trois pièces dégueulasses dont dispose tout le personnel de la brigade criminelle.


Comme si on n’avait pas eu cent quatorze assassinats à débrouiller l’année dernière, dans trois pièces qui n’ont pas seulement assez de chaises pour que la brigade de service puisse s’y asseoir. On passe sa vie à retourner des dessous crasseux, à renifler des vieux chicots. On grimpe des escaliers sombres pour aller cueillir des sacs à vins qui brandissent des revolvers et on n’arrive pas jusqu’en haut. Pendant ce temps-là, notre femme nous attend pour se mettre à table ; elle nous attend ce soir-là, et tous les soirs suivants… C’est fini, nous ne rentrerons plus jamais à la maison.

"[…] l’autorité suprême, c’est le citoyen lui-même. 

Mais les soirs où on rentre, on est tellement claqués qu’on ne peut ni manger, ni dormir, ni même lire les conneries que les journaux racontent sur nous. Alors on reste étendus dans le noir, au fond d’une maison sordide, dans un quartier sordide, à écouter les pochards qui se marrent au bistrot du coin. Et juste au moment où on va enfin sombrer dans le sommeil, c’est le téléphone qui sonne et il faut se lever pour remettre ça.

Dans notre pays on n’est pas encore arrivé à comprendre cela. On considère l’autorité comme une ennemie.

Jamais rien de ce qu’on fait n’est bien, jamais. Pas une seule petite fois. Si on obtient des aveux, c’est qu’on les a extorqués de force et, en plein tribunal, un margoulin d’avocat vient nous traiter de Gestapo et se foutre de notre gueule parce qu’on est quelquefois brouillés avec la grammaire. A la première erreur, on nous recolle à la circulation. Alors on passe les bons petits soirs d’été à ramasser les poivrots dans le ruisseau, à se faire engueuler par les putains et à délester de leurs couteaux les métèques en chemises à carreaux. Mais tout ça ne suffit pas à notre bonheur. Il faut encore que vous soyez là.

Nous sommes une nation qui hait les flics." (Procureur Endicott)

      Il s’arrêta pour reprendre haleine. Son visage luisait un peu. Il pencha le buste en avant.
      – Il faut qu’on vous ait sur le dos, reprit-il. Il faut qu’on ait des salopards à licence privée qui ne disent pas ce qu’ils savent, qui s’en vont fouiner partout et remuer la poussière pour qu’à nous il ne reste plus qu’à l’avaler, qui escamotent les pièces à conviction et fabriquent des mises en scène insuffisantes pour tromper un môme de deux ans. Et si je vous disais que vous êtes le plus beau salaud des gars qui s’occupent de ce qui ne les regarde pas, hein, mon vieux ?
      - Vous cherchez à me froisser ? lui demandai-je.

Sofiane, 16 ans,"n’est pas encore arrivé à comprendre cela." Le con !

Propos glanés dans Fais pas ta rosière ! de Raymond Chandler.

mercredi 16 novembre 2016

La dose de Wrobly, brumaire 2016 ère commune

 Il n'y a absolument aucun chinois adepte de kung-fu dans le roman de Chandler.

   - Raymond Chandler.- Fais pas ta rosière !
   Je poursuis ma série des Marlowe, et celui-ci est de la bombe ! La Dame du lac m’avait un peu déçu, les histoires de sosies, où de gens grimés qui se font passer pour d'autres, ça me paraît trop simple, téléphoné et tiré par les cheveux. Quand on a vu Vertigo, difficile d'être satisfait quand le procédé est plus convenu et grossier. Ca m’a fait le même coup avec une autre "Dame", celle en noir, et son parfum, ça m’a gâché un peu le plaisir, (attention si vous n'avez pas lu le roman de Gaston Leroux, ne finissez pas cette phrase, elle est divulgâcheuse) Larsan se faisant passer pour le jeune marié dans l'intimité du couple, c’est pas crédible. Quoique, le coup du sosie dans Monsieur Ripley d’Highsmith est très bien amené, et plausible.
   Mais de toute façon, ce que je préfère dans Marlowe, ce sont ses réparties, leur inventivité, leur humour, leur art de chambrer gentiment mais sûrement. Et puis ses métaphores, toujours inattendues, originales, drôles ou poétiques. L’incontournable scène glauque-onirique sous stupéfiant ou après choc d'objet contondant aussi. Enfin ses coups de théatre en rafale en toute fin de roman, même si on a du mal à suivre. J’aime vraiment bien Chandler.

 Cette scène n'est pas dans le livre non plus. Plutôt qu'un Marlowe, ce film semble un nanar low.

   - Liza Cody.- Sans la tête.
   - Celui-ci non plus, je ne sais pas ce qu’il faisait dans ma bibli (voir ma dose de vendémiaire). Inconnue au bataillon, la Cody. Du diable si je me souviens qui me l’a offert, ou bien si je l’ai trouvé quelque part. En tout cas c’est bof ! bof ! Ca se veut truculent, haut en couleur, grossier, avec une héroïne caricaturale catcheuse vindicative. Dommage, pour une fois que c’est une femme qui mène la danse, mais dans le genre enflure, j’en viens à regretter le Béru de mon enfance, au moins avec lui j'étais assailli de hoquets convulsifs d'hilarité à ne plus pouvoir en reprendre mon souffle. Ici, je m’ennuie. Quant à l’intrigue, elle est aussi étique que la catcheuse est corpulente.


   - André Lorulot.- Méditations et souvenirs d'un prisonnier, 1921.
Une curiosité de 1922 (livre d'époque), faisant une fois de plus le réquisitoire de cet instrument de torture et de dressage qu'est la prison. On y retrouve la trace de grands anciens. Mais dans l'ensemble cela m'a paru un peu fourre tout, inabouti, et un peu gentillet, avec tout le respect que je dois à un compagnon ayant payé de sa personne dans les geôles, ce qui n'est pas mon cas hormis quelques GAV et cellule de dégrisement négligeables.


   - Choderlos de Laclos.- Les Liaisons dangereuses.
   Un classique de chez classique, et qui sent le fagot, comme on les aime. Première lecture, mais on n’ignorait pas l’essentiel de l’intrigue. On a vu un film, celui de Frears. Pas le Valmont de Forman. On a envie.


   - Max Aub.- Campo Francés (Le Labyrinthe magique tome IV).
   Comme je vous l'avais déjà raconté quelque part, après avoir lu les trois pavés fort intéressants, tragiques mais parfois cocasses par les retournements facétieux des destins, même si les conséquences en sont terribles, foisonnants, bouillonnants, un vrai labyrinthe, avec parfois ses longueurs (de longs dialogues idéologiques, par exemple, me paraissant oiseux dans leur désuétude, mais les sociétés des débats, que les polémistes se tirent sur la nouille sur papier, plateau de talk show, réseau social ou en café du commerce m'ont toujours vite lassé) ; après avoir lu les trois pavés des trois premiers tomes, donc, je me suis fait piquer à la portière le tome IV, beaucoup plus svelte que les autres, écrit en dialogues comme un scénar' de ciné, à ma portière, après bris de glace, à un feu rouge à Garges, ou Sarcelles, à la frontière... Enfin, le jeune entrepreneur en voulait à mon sac, il ignorait qu'il venait d'emporter une telle pépite à l'intérieur. Le sujet ? Actuel : la crise des réfugiés, que le pays des droits de l'homme a toujours su régler avec la plus grande hospitalité et fraternité : tout le monde en camp de concentration, allez hop là, et que ça saute, circulez, y a rien à voir ! Sauf que là, les réfugiés étaient espagnols, anarchistes ou républicains, mais aussi, juifs d'Europe centrale et d'ailleurs, communistes, aristocrates, intellectuels... Vous me direz, les espagnols, ils étaient en camp au chaud dans le sud, c'est mieux qu'à Calais. Détrompez-vous, une dame de la bibliothèque à qui je m'étais adressé pour lui annoncer le vol du livre, d'origine espagnole, m'a raconté à cette occasion que son père, n'avait jamais autant souffert que dans son exil en France, notamment du froid, et que la boue et le sang de l'autre côté des Pyrénées c'était de la gnognotte à côté. Bref, après l'avoir commandé à la bibli, j'ai enfin pu lire la fin. En attendant que le tome V soit équipé...



La Plèbe écoute tout le temps :
"MESSAGE AUX AUDITEURS… MESSAGE AUX AUDITEURS…
2016 année de merde, suite…

L'équipe de jazzlib' et radio libertaire tient à s'excuser pour les problèmes techniques irréversibles d'hier soir qui nous ont obligé à annuler l'émission in situ. Nous avons en effet, constaté qu'un appareil nécessaire à la bonne marche de notre émission, était hors service définitivement. Compte-tenu de nos moyens, il était trop tard pour trouver une solution rapide ne pénalisant pas la diffusion.
Il se trouve que je travaille majoritairement avec ma propre discothèque, qui est très fournie, mais dont certains vinyles ne se retrouvent pas en réédition CD. C'était le cas hier soir pour la partie Jimmy Blanton/Duke Ellington, dont une édition italienne introuvable ou quasi.
Nous vous renouvelons nos excuses les plus aplaties, 1mm d'épaisseur au moins, et vous promettons de la reprogrammer le plus rapidement possible dès que nous aurons l'assurance de la remise en état dudit matériel.
J'en profite pour vous dire qu'il existe une souscription de soutien à notre radio disponible sur le site ou à retirer à la librairie Publico rue Amelot dans le 11e. Cette souscription nous sert justement à pourvoir maintenir le minimum nécessaire au rachat ou à la réparation de matériel déficient. Je vous tiens informé dès que j'ai des nouvelles.
Fraterniswing."
Yves JazzLib, le 18/11/2016.
Jeudi 17 novembre : Jazzlib' (jazz). Thème de la bi-mensualité : nous continuerons à explorer l'œuvre gigantesque du Duke. Nous nous intéresserons à la très courte période pendant laquelle le Duke va embaucher un extraordinaire contrebassiste, sans-doute celui qui va sortir la contrebasse de son rôle d'arrière plan. En effet Jimmy Blanton a fait passer l'instrument définitivement vers la modernité. Pour cette émission, le contrebassiste Jacques Vidal a de nouveau eu la gentillesse d'accepter l'invitation afin de nous éclairer de sa connaissance de l'instrument et de l'histoire du jazz.
When, where, how ?
Jazzlib' sur radio libertaire 89,4 FM en RP. Tous les 1er et 3e jeudis de 20:30 à 22:00.
Podcast ou téléchargement MP3, pendant un mois, sur la grille des programmes.
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lundi 14 novembre 2016

Fields of gold

      A propos de complètement autre chose (une homonymie), dans un commentaire de ce post, j'évoquais Eva Cassidy. Cela m'a remis en tête certaines des ses interprétations, et donné envie de les partager avec vous.

      Cette chanteuse tout à fait honnête, de jazz, voir de pop (ou l'inverse, ça dépend des goûts), fait partie des étoiles filantes mortes vraiment trop jeunes, à trente-trois ans en l'occurrence, d'un mélanome. La particularité de son cas est qu'elle est restée peu connue de son vivant, mais eut un énorme succès après sa mort, aux States et en Angleterre (millions d'albums vendus, numéro un des classements...). Elle est passée inaperçue au pays de Xavier Niel et Vincent Bolloré. A ma connaissance, c'était surtout une interprète, qui savait choisir ses chansons.

Du Sting.

Du jazz, un méga-classique, composé par le tromboniste de Duke Ellington, Juan Tizol.

Un tube de Cindy Lauper, que Miles Davis avait repris dans un de ses albums qui font mal aux puristes, mais plaisir au gens simples comme moi.

Allez, un petit jazz encore (Irving Berlin), précédemment chanté par la grande Ella.

      Pour finir une petite anecdote qui m'est arrivée aujourd'hui. Je suis emmené au travail par deux collègues, mère et fille, dans leur voiture, et je les en remercie. Ce matin, par hasard (un hasard absolu), la radio s'est arrêtée sur Fréquence Paris Pluriel, une radio associative plutôt sympa (en bon propagandiste, je leur déclare, tout surpris, que j'aime bien cette radio sans pub). Tous les ans, la maman chante une chansons de variété (l'an dernier du Calogero) à la petite galette des rois du boulot. Cette année, elle ne sait pas quoi chanter. A la radio : La Femme d'Hector chanté par Barbara. Je biche, d'autant qu'avant on avait eu du Nina Simone, mais crains le zapping excédé. La fille, en rigolant : "T'as qu'à chanter ça..." La mère : "Je répondrai même pas tellement c'est de la merde" (je cite de mémoire). C'est dingue comme on peut se sentir étranger parfois. Je ne connais pas les chanteurs dont elles parlent entre elles, qui ont, parait-il, un immense succès. Je ne sais pas non plus de quoi qu'elles causent quand elles citent à tout bout de champ TPMP (?). Mais on s'entend bien quand même.

Un patrimoine de l'humanité chanté par une merveille du monde. "De la merde" pour nos pauvres soeurs et frères de classe rééduqués par le télécran.




vendredi 11 novembre 2016

Inquiétude

      En ce moment j'ai mal au fondement. J'ai du mal à rester assis. Alors je m'inquiète, forcément, on entend tellement de choses. (Je me rends compte à l'instant que je viens de pasticher Jackie Berroyer). Et pour couronner le tout j'ai visionné ce film il y a quelques jours, assis pendant deux heures trois quarts.


      En plus lui aussi, vers la fin, il commence à avoir mal au cul. Mais son cancérologue le rassure, rien à voir avec son crabe de la prostate. Il mourra donc, mais pas par la voie naturelle. Plutôt rassurant. Je vous tiens au courant de toute façon.

     Plutôt sinistre comme dernière actu ciné...

mercredi 9 novembre 2016

Traces de nos grands anciens

La scène se déroule à la prison de la Santé.

   "Si je pouvais lire seulement ! N’importe quoi… Ce serait un dérivatif. En suivant les péripéties d’un roman ou d’un récit quelconques, j’oublierais pour un instant mon propre sort. Je ne demande même pas à lire des bouquins intéressants et sensés (en prison, ce serait de l’outrecuidance !). Qu’on me donne les œuvres les plus banales, les plus naïves et je les dévorerai.

   Chaque semaine, le dimanche, l’Administration nous remet un livre. C’est ridiculement insuffisant. Sans me hâter, en trois ou quatre heures, j’en ai achevé la lecture. Et il me faut attendre… l’autre dimanche, pour en avoir un nouveau…

   Ces livres sont intitulés : « Le Trésor de Madeleine » ou « Le Secret du Bonheur ». Ils sont bien peu capables d’éclairer ou d’élever la conscience individuelle. De plus, ils sont généralement en piteux état. Il manque les trente premières pages à celui qu’on vient de m’apporter, sans compter toutes celles qui ont été enlevées à l’intérieur du volume. Avec de l’imagination on peut combler les lacunes, mais la lecture perd quand même beaucoup de son charme.

   Les pages sont sales, répugnantes. Elles sont remplies d’inscriptions et d’annotations plus ou moins spirituelles. Le « Petit Marcel de Belleville » tient à faire savoir qu’il a été fait comme poisse, ayant été donné par sa gonzesse. Un autre – « Totoche de la Bastille » - énumère mélancoliquement : 3 piges (trois ans de prison, pour les non initiés), 5 triques (5 ans d’interdiction de séjour). Et il ajoute, en guise de conclusion : M. A. V. ; M. A. T. ; B. J. A. A. (Mort aux v… ; Mort aux t… ; Bonjour aux amis).

   Enfin, « Bébert de Barbès » déclare qu’il aime Adèle P. L. V. (pour la vie !). Voilà un serment qui devient banal, tant les murs des cellules et les pages des bouquins le répètent. Il cadre mal d’ailleurs avec le caractère souvent peu sentimental des « amoureux » qui le font.


   On trouve aussi des appréciations sur la valeur des ouvrages. Elles ne sont pas toujours mal portées. En voilà une, par exemple, que j’ai copiée à la fin des « Chasseurs de Chevelures » - roman tant aimé de la jeunesse. « Livre idiot. Rien ne tient debout. Tout y est contradiction et stupide enfantillage. » Je suis à peu près certain d’avoir reconnu l’écriture de ce pauvre Raymond la Science. Quant au style, je n’éprouve pas la moindre hésitation à le lui attribuer.*

La Santé, 18 avril 1913, 23 ans (presque un enfant dira Georges Boucheron, son avocat à la cour), trois jours avant de se faire raccourcir.

   Les bouquins ne sont pas distribués avec beaucoup de méthode. Ainsi, il m’est arrivé de recevoir deux fois « l’Ami Inconnu », roman imprégné d’un sentimentalisme puéril. On m’a donné aussi le deuxième volume de « Vingt mille lieues sous les mers » de Jules Verne. Il est heureux pour moi que j’ai lu le premier tome vers l’âge heureux de ma douzième année…

Ils sont presque tous là, dans l'ordre d'apparition : Soudy, Carouy, Marie la Belge, Callemin (dit "la Science"), Garnier, et le Jules (Bonnot, pas le nôtre).

   Il serait pourtant facile de faire un choix un peu plus judicieux. Mais, est-ce que ça compte, les besoins, les goûts, les préférences d’un prisonnier ? Je l’ai déjà dit : ici l’individualité est abolie, excepté quand il s’agit de souffrir.

[…]

   J’ai obtenu le droit de faire venir des livres « de science et d’étude », pour parler le langage administratif. J’ai espéré alors voir ma détention devenir un peu moins morose. On n’a pas tardé à me détromper. C’est en effet un fonctionnaire, le contrôleur de la prison, qui est chargé d’examiner les livres qu’on apporte. Il assume ces fonctions avec une compétence qui n’a d’égale que sa largeur de vues. […]

   On me refuse aussi les livres reliés, car la reliure pourrait contenir des poisons !

   Avec un pareil censeur, on peut croire que mes lectures sont très sélectionnées. Don Quichotte lui-même, le chef-d’œuvre des chefs-d’œuvre, n’a pas trouvé grâce à ses yeux. C’est incroyable, mais cela est.

   Le contrôleur ne consent à me remettre que les ouvrages purement scientifiques, sans doute parce qu’il n’y comprend rien. Mais comprend-il mieux ceux qu’il me refuse ?

   Un jour, je ne sais pour quel motif, ce digne fonctionnaire était absent. Quel bonheur ! On m’a remis alors, sans trop de difficultés, les Confessions de Jean-Jacques et le Cinquième Evangile d’Han Ryner. Ce fut le plus beau jour de ma vie de prisonnier ! Les chers livres, comme je les ai lus et relus ! J’ai senti qu’ils me donnaient du courage, qu’ils ranimaient mon cœur fatigué et que, grâce à eux, l’espérance me devenait possible…

   Pourquoi mon censeur-contrôleur, l’ennemi de […] Cervantès, est-il revenu, avec ses sourcils broussailleux et son caractère épineux ? Les jours me paraitraient trois fois moins longs si je pouvais lire de beaux livres, de bons livres. Cette captivité pourrait être utile, à un certain point de vue, si je la mettais à profit pour me cultiver, pour m’épurer, pour me rendre meilleur. Malheureusement pour les chefs de la prison « régénératrice », il n’y a pas d’autres rénovation morale que de s’abrutir entre quatre murs et de devenir fou, lentement mais sûrement."

André Lorulot.- Méditations et souvenirs d'un prisonnier, 1921.

* C'est La Plèbe qui souligne.

lundi 7 novembre 2016

Techniquement si simple

Vous aimez les gros dégueulasses, vous serez ravi par celui-ci, entre Ponce Pilate rondouillard et jouisseur, Eichmann aux doigts graisseux et lèvres gourmandes. 

   J'ai vu aussi Afrique 50 et revu Avoir 20 ans dans les Aurès. Ce dernier film m'a encore plus fait mal que la première fois. Certainement parce que j'attendais les scènes pénibles, que je connaissais. Peut-être aussi parce que les résonances avec le racisme ambiant, les conséquences du colonialisme et des guerres impérialistes (le monde blanc rigole, les nouveaux, c'est bizarre, sont pire que les anciens ; c'est sûrement un hasard), les persistants pillages des ressources et exploitations des hommes sous d'autres formes, et un pessimisme que le printemps arabe avait peut-être mis en veille lors de mon premier visionnage, se sont amplifiées depuis.

Des films qui devraient passer aux heures de grand audimat.

   Quant à René Vautier, même s'il émargeait à un parti soutien du totalitarisme scythe de l'époque, auteur des mêmes exactions que celles dénoncées dans ses films, et gardien d'une idéologie de caserne,  son oeuvre est celle d'un juste, et sa vie a prouvé, comme celle de nombreuses personnes abusées un jour ou l'autre, aveuglées par un désir de grand frère apte à réaliser l'idéal auquel elles croient, et s'installant malgré elles dans le déni du retournement de tout pouvoir contre cet idéal ; sa vie a prouvé, donc, qu'il était un courageux résistant à l'oppression. Après tout, que celui qui n'a jamais péché lui jette la première pierre.

Ma dernière actu ciné.

vendredi 4 novembre 2016

Effet domino

   Après celle de Siné il y a quelques mois, je viens d'apprendre la mort de deux dessinateurs de son canard, Puig Rosado et Chimulus.


   Puig Rosado n'était pas mon préféré du point de vue dessin et humour, loin de là. Je trouvais ses crobards un peu téléphonés (genre dessin des rois mages qui se bourrent la gueule, mdr !), comme ceux de Siné d'ailleurs, mais en plus gentillets. Ils me passaient presque inaperçus. Mais c'était un fidèle de Bob depuis L'Enragé (autour de 68). Je l'avais vu dans une manif récente, peut-être contre la loi Travaille !, me souviens plus bien, tenir un stand de Siné mensuel avec André Langaney et Catherine Sinet, et dédicacer des dessins. Je crois que peu de gens le remettaient, moi le dernier. Et je m'étais dit à l'époque : "eh ben ! nos ainés, ils sont courageux pour défendre leur bébé dans la rue comme ça, et pas beaucoup aidés, pas un seul jeune et fringant sexagénaire pour leur filer un coup de main !" Je me suis dit aussi que j'avais pris un coup de vieux, que je lisais des journaux de vieux. J'ai assumé.

Le calendrier scolaire pose problème


   Quant à Chimulus, dont j'appréciais beaucoup plus l'esprit, son histoire est cocasse, puisqu'il était le fils de... Jacques Faizant, eh oui, l'humoriste faisandé des journaux et magazines de droite bien raide, dont les plus de quarante ans ont pu, quand ils étaient petits pour les moins de cinquante-cinq ans, lire les phylactères (à moins que les dialogues ne figurassent sous le dessin, en légende, à l'ancienne, me souviens plus bien) un peu rances dans les salles d'attente des médecins et autres dentistes. Et bien le petit Chimulus s'était bien émancipé de cet humour de bourgeoisie radicale, et en avait pris le contre-pied. Comme il était fils de..., je me le suis toujours représenté jeune, mais en fait il n'était pas si vieux, 72 ans.

Salut à eux, et aux suivants...

La Plèbe écoute tout le temps :

Lundi soir 7 novembre : Dans l'herbe tendre (chanson française). Thème du mois : les animaux.

mercredi 2 novembre 2016

Un peu d'actu

Le bidonville de Calais se prépare à la résistance.
Le Tintoret, esquisse visible au Louvre.

Allégorie : Manuel Valls foudroyant les voyous : syndicalistes de base et de lutte, casseurs, zadistes, migrants, jeunes des cités.
Véronèse, original volé visible au Louvre.

La Plèbe écoute tout le temps :
Jeudi 3 novembre : Jazzlib' (jazz). Thème de la bi-mensualité : les grands orchestres, ceux qui ont fait la gloire de l'entre deux guerres jusqu'aux années 70. Honneur au plus grand de tous, à celui qui est l'inventeur du jazz, à savoir Edward Kennedy dit "Duke" Ellington. Un monument historique dont l'apport en est universel, incalculable et immense.
When, where, how ?
Jazzlib' sur radio libertaire 89,4 FM en RP. Tous les 1er et 3e jeudis de 20:30 à 22:00.
Podcast ou téléchargement MP3, pendant un mois, sur la grille des programmes.
Cliquer sur le lien correspondant à la bonne date (Jazzlib'/Entre chiens et loups). Attention de bien vérifier que vous êtes sur le 1er ou/et 3e jeudi, vous avez, en haut à gauche, les semaines disponibles.