vendredi 29 septembre 2017

Elle joue pas les starlettes

      Notre collaborateur Walery Wroblewski a donné un concert hier, au sein de son petit choeur. Il y a chanté, outre l'Ode à Martin Luther King, deux chansons traditionnelles, une arménienne et une bulgare. Etant très humble et timide, (et pas seulement workshy, qualité dont il est très fier), il ne s'est pas filmé en selfie pour se mettre sur la plate-forme vidéo la plus répandue sur le net. C'est pourquoi, en son hommage malgré tout, au nom de toute la rédaction de la Plèbe, je publie ici des versions différentes de la chanson bulgare Mari Mome, à ne pas confondre avec la chanson homonyme de Léo Ferré, ou avec celle de Jean Ferrat. La chanson arménienne, Mayrigin Yazma Périn, est introuvable sur le net, il faudra donc vous déplacer pour le prochain concert.

Élisabeth Dmitrieff.







mercredi 27 septembre 2017

Sacqueboute XXV : la femme tronc

   Une pâte cette femme.


   D'une gentillesse !

Par Jacques Higelin et sa fille Izia. Je ne connais pas la jeune personne qui fait joliment le clown sur la vidéo.

   Un amour.

L'excellente Juliette sur un disque dont la couverture est dessinée par l'excellentissime Tomi Ungerer que je découvre en même temps que vous tout ébahi.

   Bienveillance, empathie, générosité, vous l'avez là toute résumée. Du bon pain en branche.

Là, je reste sans voix...

   Bon, laissons là notre tronc bonne, et à la prochaine !


Priviouslillonne Sacqueboute :

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Gunhild Carling
Nils Wogram et Root 70
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J.J. Johnson
Lawrence Brown
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Les funérailles de Beethoven
Treme
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Mona Lisa Klaxon
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Kid Ory

lundi 25 septembre 2017

Deuil II


   On ne la reverra plus la belle Poste de nos vingt ans. Il n'y a plus de postier, mais des managers ou des conseillers financiers. Quant aux facteurs, ils font désormais tout comme en Amérique ! Plus de forain non plus, mais des Mickey et des machins à thème. Plus de villages, mais des mouroirs sans médecins ni dentistes. Plus de paysans, des agro-industriels.


   En Macronland Über à laisse, plus de congés payés, forcément, le salariat a été aboli, réalisant le vieux vœu révolutionnaire, fortiches les gars. Et il va nous manquer quelques courses pour pouvoir payer le BlaBlaCar jusqu'à Barcelone, ou bien l'Airbnb à Lisbonne, sans compter que pour s'tailler via Costa à Venise, va falloir que je pédale encore ferme pour livrer un sacré bon guieu de stock de pizzas de chez Bruno. L'avantage c'est que les meilleurs d'entre nous pourront en profiter pour aller se former, fraterniser, combattre au Chiapas, au Rojava, ou en Loire-Atlantique. Hein ? Mais non je parle pas de Saint-Marc-sur-Mer.

   Plaisanteries mises à part, même si je ne ris pas, je souris, je pouffe parfois, c'est un vrai délice et un éprouvant exercice d'attention de ne rater aucun des dix gags par minutes qui s'enchaînent sans faiblir dans ces chefs-d’œuvre. Les burlesques américains n'avaient qu'à bien se tenir. Et puis ce charme d'un temps que je n'ai personnellement pas connu, si ce n'est celui où j'ai vu ces films pour la première fois avec mon père (lui, ce qui le faisait péter de rire, le gag de la guêpe, le coup de la guimauve qui tombe et l'incapacité d'Hulot de résister à la pulsion de la retenir, et puis la scène du tennis, et du style peu esthétique mais impitoyable du même grand gaffeur - mais était-ce vraiment du rire, ou juste une franche gaieté de retrouver des scènes attendues ?), comme le fiston l'a fait avec son daron cet été (lui a préféré le facteur au vacancier)...

   Mon actu ciné des vacances, dont à propos de laquelle j'avais omis de vous parler.  

vendredi 22 septembre 2017

La dose de Wrobly : fructidor 2017 EC


   - Bakounine Michel.- De la guerre à la commune.
   Promis, je me mets très bientôt à Foucault, Deleuze, Guattari. Mais laissez-moi encore un peu profiter des enseignements et de la verve de mon papy, et de l'histoire de son temps.

   - Casanova Jacques.- Histoire de ma vie.
   Suite. Un autre grand enfermé, bien que pour des raisons bien différentes : Casanova n'avait cure de la liberté d'autrui, c'est la sienne, avec les bonnes fortunes qui allaient avec, qui l'intéressaient. Et même si l'un comme l'autre étaient francs-maçons. L'évasion du vénitien fut des plus rocambolesque, certainement comme celle du russe, qui passa de la Sibérie au Japon pour rentrer en Europe, mais je connais peu les péripéties de celle-ci. La belle du libertin est de la trempe de celle du comte de Monte Cristo, mais elle est avérée.

   Extraits de la partie enfermement :

   Le lendemain à la pointe du jour Messer Grande (chef de la police - note du blogueur) entra dans ma chambre.. Me réveiller, le voir, et l'entendre me demander si j'étais Jacques Casanova fut l'affaire du moment (d'un instant - note du blogueur). D'abord que je lui ai répondu que j'étais le même qu'il avait nommé, il m'ordonna de lui donner tout ce que j'avais écrit, soit de moi, soit d'autres, de m'habiller, et d'aller avec lui. Lui ayant demandé de par qui il me donnait cet ordre, il me répondit que c'était de la part du Tribunal. [...]
   Le mot Tribunal me pétrifia l'âme ne me laissant que la faculté nécessaire à l'obéissance. Mon secrétaire était ouvert ; tous mes papiers étaient sur la table où j'écrivais, je lui ai dit qu'il pouvait les prendre ; il remplit un sac qu'un des ses gens lui porta, et il me dit que je devais aussi lui consigner (remettre - NDB) des manuscrit reliés en livres que je devais avoir [...] ; c'étaient la Clavicule de Salomon ; le Zecor-ben ; un Picatrix ; une ample instruction sur les heures planétaires aptes à faire les parfums, et les conjurations nécessaires pour avoir le colloque (des entretiens - NDB) avec les démons de toutes les classes. Ceux qui savaient que je possédais ces livres me croyaient magicien, et je n'en étais pas fâché. Messer Grande me prit aussi les livres que j'avais sur ma table de nuit : Arioste, Horace, Pétrarque, Le Philosophe militaire, manuscrit que Mathilde m'avait donné, le Portier des chartreux (roman obscène - NDB), et le petit livre des postures lubriques de l'Arétin [...].


   Tandis que le Messer Grande moissonnait ainsi mes manuscrits, mes livres, et mes lettres je m'habillais machinalement ni vite, ni lentement ; j'ai fait ma toilette, je me suis rasé, C. D. me peigna, j'ai mis une chemise à dentelle, et mon joli habit, tout sans y penser, sans prononcer le moindre mot, et sans que Messer qui ne m'a jamais perdu de vue osât trouver mauvais que je m'habillasse comme si j'eusse dû aller à une noce.
   En sortant de ma chambre je fus surpris de voir trente ou quarante archers dans la salle. On m'a fait l'honneur de les croire nécessaires pour s'assurer de ma personne [...].
   Au son de la cloche de Terza, le chef des archers entra, et me dit qu'il avait l'ordre de me mettre sous les Plombs.

 Les Plombs c'est sous le toit en plomb du grand bâtiment blanc.

 Là-haut.

Je l'ai suivi. Nous montâmes dans un autre gondole, et après un grand détour par des petits canaux nous entrâmes dans le grand, et descendîmes au quai des prisons. Après avoir monté plusieurs escaliers, nous passâmes au pont éminent, et enfermé, qui fait la communication des prisons au Palais ducal par dessus le canal qu'on appelle rio di Palazzo.

A droite, on distingue l'"éminent" pont dit aussi des soupirs.

[...] Cet homme, qui était le geôlier, empoigna une grosse clef, il ouvrit une grosse porte doublée de fer, haute de trois pieds, et demi, qui dans son milieu avait un trou rond de huit pouces de diamètre, et m'ordonna d'entrer [...] Ma taille étant de cinq pieds, et neuf pouces, je me suis bien courbé pour entrer ; et il m'enferma. [...] Ayant fait le tour de cette affreuse prison, tenant la tête inclinée, car elle n'avait que cinq pieds et demi de hauteur, j'ai trouvé presque à tâtons qu'elle formait les trois quarts d'un carré de deux toises. [...] La chaleur était extrême. Dans mon étonnement la nature m'a porté à la grille seul lieu, où je pouvais me reposer sur mes coudes : [...] je voyais la lumière qui éclairait le galetas, et des rats gros comme des lapins qui se promenaient. Ces hideux animaux, dont j'abhorrais la vue, venaient jusque sous ma grille sans montrer aucune forme de frayeur. [...]
   Au son de vingt-une heure (deux heures et demie avant le coucher du soleil - NDB) j'ai commencé à m'inquiéter de ce que je ne voyais paraître personne, [...] mais lorsque j'ai entendu sonner les vingt-quatre heures je suis devenu comme un forcené hurlant, frappant des pieds, pestant, et accompagnant de hauts cris tout le vain tapage que mon étrange situation m'excitait à faire. Après plus d'une heure de ce furieux exercice ne voyant personne, n'ayant pas le moindre indice qui m'aurait fait imaginer que quelqu'un pût avoir entendu mes fureurs, enveloppé de ténèbres j'ai fermé la grille, craignant que les rats ne sautassent dans le cachot. [...] Un pareil impitoyable abandon ne me paraissait pas vraisemblable, quand même on aurait décidé de me faire mourir. L'examen de ce que je pouvais avoir fait pour mériter un traitement si cruel ne pouvait durer qu'un moment car je ne trouvais pas matière pour m'y arrêter. En qualité de grand libertin, de hardi parleur, d'homme qui ne pensait qu'à jouir de la vie, je ne pouvais pas me trouver coupable, mais en me voyant malgré cela traité comme tel, j'épargne au lecteur tout ce que la rage, l'indignation, le désespoir m'a fait dire, et penser contre l'horrible despotisme qui m'opprimait. La noire colère, cependant, et le chagrin qui me dévorait, et le dur plancher sur lequel j'étais ne m'empêchèrent pas de m'endormir [...] ; je brûlais des désirs de vengeance que je ne me dissimulais pas. Il me paraissait d'être à la tête du peuple pour exterminer le gouvernement, et pour massacrer les aristocrates ; tout devait être pulvérisé : je ne me contentais pas d'ordonner à des bourreaux le carnage de mes oppresseurs, mais c'était moi-même qui devait en exécuter le massacre. Tel est l'homme ! et il ne se doute pas que ce qui tien ce langage dans lui n'est pas sa raison ; mais sa plus grande ennemie : la colère.
   Vers midi le geôlier parut [...] - Ordonnez, me dit-il ce que vous voulez manger demain [...]. L'illustrissime secrétaire m'a ordonné de vous dire qu'il vous enverra des livres convenables, puisque ceux que vous désirez d'avoir sont défendus. - Remerciez-le de la grâce qu'il m'a faite de me mettre seul. - Je ferai votre commission, mais vous faites mal à vous moquer ainsi. [...] On vous a mis tout seul pour vous punir davantage, et vous voulez que je remercie de votre part ? - Je ne savais pas cela.
    Cet ignorant avait raison, et je ne m'en suis que trop aperçu quelques jours après. J'ai reconnu qu'un homme enfermé tout seul, et mis dans l'impossibilité de s'occuper, seul dans un endroit presque obscur, où il ne voit, ni ne peut voir qu'une fois par jour celui qui lui porte à manger et où il ne peut pas marcher se tenant droit est le plus malheureux des mortels. Il désire l'enfer, s'il le croit (s'il y croit - NDB), pour se voir en compagnie. Je suis parvenu là-dedans à désirer celle d'un assassin, d'un fou, d'un malade puant, d'un ours. La solitude sous les Plombs désespère ; mais pour le savoir il faut en avoir fait l'expérience.


   - Buzzati Dino.- La Fameuse invasion de la Sicile par les ours.
   J'ai longtemps eu trois poches de Buzzati, hérités de la scolarité de mon frère, mais que je n'avais jamais lus, pas très envie, ça venait de l'école, donc ça devait être chiant, édifiant et gnan-gnan. Quand j'ai finalement lu le K longtemps après, il y a quelques années, je suis tombé sur le cul : immense. Et rebelote pour le Désert des Tartares. Je venais de découvrir un genre de Kafka, en un peu moins glaçant, dame ! celui-ci n'est pas tchèque, mais rital ! On y retrouve les mêmes spirales de l'absurdité du destin social, que les protagonistes sont littéralement impuissants à dévier tant soit peu, au contraire, ils contribuent tenacement à en dessiner les lignes. Et bien d'autres choses encore ! Je suis un peu déçu par l'invasion des ours, mais il faut bien convenir que je n'ai plus dix ans non plus...

   - Mirbeau Octave.- L'Abbé Jules.
   Pas un roman anticlérical (même si Mirbeau l'est évidemment, comme le prouve Sébastien Roch, déjà évoqué ici, racontant l'histoire d'un adolescent violé par un jésuite), décrivant une canaille de prêtre hypocrite, pervers ou fanatique, mais plutôt le portrait d'un inadapté au monde, tellement irascible qu'il en bascule dans l'hystérie voir la folie. Bien sûr, Jules a des côtés sympathiques pour nous, mais Mirbeau, malgré son anarchisme revendiqué, est aussi un romancier de la complexité, et certains aspects de l'abbé sont quand même assez débecquetants pour qu'on ne parvienne pas à s'identifier. La charge contre la bourgeoisie est en revanche, une fois de plus, lapidaire et sans appel.

mercredi 20 septembre 2017

Deuil



Chant d'automne


I

Bientôt nous plongerons dans les froides ténèbres ;
Adieu, vive clarté de nos étés trop courts !
J'entends déjà tomber avec des chocs funèbres
Le bois retentissant sur le pavé des cours.

Tout l'hiver va rentrer dans mon être : colère,
Haine, frissons, horreur, labeur dur et forcé,
Et, comme le soleil dans son enfer polaire,
Mon coeur ne sera plus qu'un bloc rouge et glacé.

J'écoute en frémissant chaque bûche qui tombe ;
L'échafaud qu'on bâtit n'a pas d'écho plus sourd.
Mon esprit est pareil à la tour qui succombe
Sous les coups du bélier infatigable et lourd.

Il me semble, bercé par ce choc monotone,
Qu'on cloue en grande hâte un cercueil quelque part.
Pour qui ? - C'était hier l'été ; voici l'automne !
Ce bruit mystérieux sonne comme un départ.


II

J'aime de vos longs yeux la lumière verdâtre,
Douce beauté, mais tout aujourd'hui m'est amer,
Et rien, ni votre amour, ni le boudoir, ni l'âtre,
Ne me vaut le soleil rayonnant sur la mer.

Et pourtant aimez-moi, tendre coeur ! soyez mère,
Même pour un ingrat, même pour un méchant ;
Amante ou soeur, soyez la douceur éphémère
D'un glorieux automne ou d'un soleil couchant.

Courte tâche ! La tombe attend ; elle est avide !
Ah ! laissez-moi, mon front posé sur vos genoux,
Goûter, en regrettant l'été blanc et torride,
De l'arrière-saison le rayon jaune et doux !


vendredi 15 septembre 2017

Des solutions, il y en a !

      C’est une réaction en chaîne infernale : le changement climatique fait fondre les glaces des pôles, qui font à leur tour s’élever le niveau de la mer. Des chercheurs viennent d’établir que cela va aggraver la sécheresse au Sahel, avec des conséquences dramatiques pour des centaines de millions de personnes d’ici la fin du siècle.

      Chaque année, près d’un tiers de la population mondiale est exposée à plus de 20 jours d’une canicule potentiellement mortelle. D’ici à 2100, cette proportion pourrait s’élever à près de 75%, révèle une étude publiée lundi 19 juin dans Nature Climate Change.

      Selon une modélisation de chercheurs français, en 2100, les températures maximales pourraient dépasser de 6 à 13 °C les records historiques. En savoir plus.

      En plus on s'était trompé dans l'analyse des données satellitaires, et le réchauffement climatique est 140 % plus rapide que prévu.

      Nous devons réagir ! Il en va du monde que nous laisserons à nos enfants. La Plèbe, toujours à la pointe de la congère, propose alternative et ligne de front. Pas la peine de remercier, do it !



      Certains pisse-froids, des ayatollahs pour la plupart, ou des ringards passéistes crasseux, maladivement attachés au problème et dans le déni de toute solution réelle, argueront que la climatisation participe à l’inexorable réchauffement climatique : qu'ils urinent dans un cruchon et qu'ils aillent au pôle nord sauver les ours avec !

mercredi 13 septembre 2017

N'être rien

«Une gare, c'est un lieu où on croise des gens qui réussissent et des gens qui ne sont rien.»
Emmanuel Macron
«Je n'ai basé ma cause sur rien.»
Max Stirner




      Non seulement je ne suis rien, mais je me sens fainéant en ce moment. J'en ai pas branlé une hier. Ah ! si, j'ai pris trois photos. Faut pas vous attendre à plus ni mieux en ce moment.




      En tout cas, j'ai pas vu la botte d'un de ces musiciens ci-dessous. Peut-être parce que j'ai été coincé en queue, pendant trois heures et qu'ils étaient en tête... En tout cas ça m'a plutôt détendu. Je ne sais pas pourquoi, leur présence, si prégnante en 2016, me stresse un peu.


lundi 11 septembre 2017

Sacqueboute XXIV : Journal intime

      Leur site. Le tromboniste s'appelle Matthias Mahler.


      Ils ont joué avec Higelin, qui fait presque partie de moi tellement je l'ai écouté jeune et tellement il me fait vibrer de fibres, et Rodolphe Burger, que je connais moins, mais que j'apprécie beaucoup, malgré son côté très intello ténébreux... Ils ont repris pas mal de Jimi Hendrix pour un tribute to, il y a peu.

 Ici avec Rodolphe Burger et Jimi Hendrix

      Je n'en sais pas beaucoup plus...

      Bon, à demain !


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vendredi 8 septembre 2017

Massacre à coup de trique

Pourquoi le Viagra ? Que dire de plus sur cette nouvelle frontière de l'aberration que l'humanité vient de franchir ? [...] L'important n'est pas tant la mutation anthropologique qu'opère le Viagra, que le terrain préexistant à son apparition, depuis longtemps colonisé par les formes les plus insidieuses de l'oppression.
Tiqqun 1.

     Vous me direz, moi, des rhinocéros, j'en ai jamais vu, j'ai pas beaucoup pris l'avion, ou alors à l'occasion dans un zoo, mais c'est pas un bon exemple, une bête sauvage en captivité, quelle horreur ! Alors que dans dix ans il n'y en ait plus, pour que les adeptes de la pharmacopée traditionnelle chinoise bénéficient d'érections que cent fleurs ne sauraient masquer, ça devrait me laisser indifférent. Pourtant j'aimais bien savoir qu'ils existaient, là-bas, comme toutes les espèces vivantes disparues ou en passe de l'être bientôt. Oui mais voilà, la corne de rhino en poudre vendue au prix de la coke, ou de l'or, je ne connais pas bien les cours, infusée, provoque l'érection, alors on les tue. L'important n'est-il pas que les petits coqs du phénix des espèces vivantes terrestres, le majestueux être humain, puissent se targuer d'être de rudes lapins ? Vous pourriez me dire, que se ronger les ongles aurait le même effet, vu que l'une comme les autres ne sont que kératine pure, mais là vous chercheriez vraiment la petite bête. 


      On connait les autres victimes de l'instinct lestement gaulois de nos congénères : le pangolin, dont les écailles font bander et le sang donne envie, la peau d'âne (c'est pas une blague) en gélatine remplit à bloc vos corps caverneux, la bile d'ours (vivant), vous redonne de l'ardeur pour besogner bobonne ou l'esclave sexuelle des vacances.

     Tout cela est de notoriété publique, mais La Plèbe, ce sont : des scoops, de l'innovation, de l'excellence, et de nouveaux prospects largement targetés. Nous avons pu consulter en exclusivité certaines des dernière dépêches de Wikileaks. Il s'agit d'enregistrements d'ébats, de mandarins d'une grand puissance que nous ne citerons pas d'une part, de hautes personnalités du ministère Philippe d'autre part, qui révèlent des actes de barbarie dans un but sexuel sur deux nouvelles espèces : la poule, et l'huître.

     Vous trouverez ci-dessous les dépêches telles quelles. Nous n'avons pas cru bon y porter la moindre modification, l'éthique de notre blog étant, depuis sa création, l'information, rien que l'information, toute l'information. Nous laissons au lecteur le soin de se faire sa propre opinion sur ces pratiques. Nous nous contentons de souligner les passages où les actes de barbarie envers les animaux sont évoqués.

Premier document :

Fragments survivant de la deuxième édition d'I Modi, British Museum.

   Plus je regarde ta figure, plus j'en veux à ton époux. - On dit qu'il était laid. - On l'a dit : aussi mérite-t-il d'être fait cocu ; et nous y travaillerons toute la nuit. Je vis dans le célibat depuis huit jours, mais j'ai besoin de manger, car je n'ai dans mon estomac qu'une tasse de chocolat, et le blanc de six oeufs frais que j'ai mangés en salade accommodée à l'huile de Luques, et au vinaigre des quatre voleurs. - Tu dois être malade. - Oui : mais je me porterai bien quand je les aurai distillés un à la fois dans ton âme amoureuse. - Je ne croyais pas que tu eusses besoin de frustratoire (= aphrodisiaque. Note du blogueur). - Qui pourrait en avoir besoin avec toi ; mais j'ai une peur raisonnée, car s'il m'arrive de te rater, je me brûle la cervelle. Qu'est-ce que rater ? - Rater, au figuré, veut dire manquer son coup. Au prore c'est lorque voulant tirer contre mon ennemi mon coup de pistolet l'amorce ne prend pas. Je le rate. - Maintenant je t'entends. Effectivement mon cher brunet, ce serait un malheur, mais il n'y aurait pas de quoi te brûler la cervelle. - Que fais-tu ? - Je t'ôte ce manteau. Donne-moi aussi ton manchon. - Ce sera difficile, car il est cloué. - Comment cloué ? - Mets-y une main dedans. Essaye. - Ah le polisson ! Est-ce les blancs d'oeufs qui te fournissent ce clou ? - Non, mon ange, c'est toute ta charmante personne.


"Nous, on n'est pas contre de rendre service, si c'est pour le sommet de la création qui va réaliser l'Esprit dans l'Histoire. Mais qu'on nous accorde une once de dignité !"

   Je l'ai alors soulevée, elle m'embrassa (= m'entoura de ses bras. Note du blogueur) aux épaules pour me peser moins, et ayant laissé tomber le manchon, je l'ai saisie aux cuisses, et elle se fortifia sur le clou ; mais après avoir fait un petit tour de promenade dans la chambre, craignant des suites, je l'ai posée sur le tapis, puis m'étant assis, et l'ayant fait asseoir sur moi, elle eut la complaisance de finir de sa belle main l'ouvrage cueillant dans le creux le blanc du premier œuf. Reste cinq, me dit-elle : et après avoir purifié sa belle main avec un pot-pourri d'herbes balsamiques elle me la livra pour que je la lui baisasse cent fois. Devenu calme j'ai passé une heure lui faisant des contes à rire ; puis nous nous mîmes à table.

Marcantonio Raimondi : l'une des 16 gravures inspirées de Giulio Romano et produites pour illustrer les poèmes de L'Arétin (1524).

Sur la barbarie envers les poules dans un but sexuel voir aussi ici.

Deuxième document :


   Après avoir fait du punch nous nous amusâmes à manger des huîtres les troquant lorsque nous les avions déjà dans la bouche : elle me présentait sur sa langue la sienne en même temps que je lui embouchais la mienne : il n'y a pas de jeu plus lascif, plus voluptueux entre deux amoureux, il est même comique, et le comique n'y gâte rien, car les ris ne sont fait que pour les heureux. Quelle sauce que celle d'une huître que je hume de la bouche de l'objet que j'adore ! C'est sa salive. Il est impossible que la force de l'amour ne s'augmente quand je l'écrase quand je l'avale.

"Nous non plus on n'est pas contre participer, mais un peu de reconnaissance, c'est trop demander ?"

I Amanti, encre et fusain signé Giulio Romano, musée des beaux-arts de Budapest.

mercredi 6 septembre 2017

Sacqueboute XXIII : Gunhild Carling

   Je m'en rends compte à l'instant à ma plus grande honte, mais mise à part Mona Lisa Klaxon, qui a quand même un statut dérogatoire, Gunhild Carling est la première, et donc la seule femme de chair et d'os apparaissant dans cette rubrique.

   Je me réjouis donc d'autant plus de vous présenter ici une conférence soufflée sur le trombone jazz par cette tonique gretchen sous amphétamines, cette belle rebondissante. On y entend d'ailleurs parler à nouveau de Kid Ory, un homme (voir ci-dessous dans le sommaire). 


   On y retourne, je suis peut-être ringard, c'est du jazz à la papa, New Orleans et compagnie, mais moi ça me donne la pêche, c'est pas du luxe.


   Allez encore une, mais y en a à foison ici. J'ai cru comprendre qu'elle avait une émission de télé quelque part. Je ne connaissais pas du tout cette musicienne, danseuse, chanteuse, one woman showeuse, humoriste... avant qu'un mystérieux informateur ne me la fasse découvrir cet été, malheureusement sur une de ces prothèses si mauvaises pour la saine verticalité et la précieuse attention de nos concitoyens, et dont la fabrication industrielle nécessite tant de métaux rares pour le contrôle des gisements desquels l'Afrique est à feu et à sang mais je m'égare, nous sommes ici complètement hors sujet. Qu'il en soit donc ici remercié, elle vaut le coup (même si, dans son pays, elle a peut-être le même public que Jacques Martin chez nous, mais que voulez-vous, en vieillissant, je suis de moins en moins punk, de moins en moins glauque, et de plus en plus thé dansant, il faut croire... Hein ?... Ja... Jacques Martin est mort ??!!



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vendredi 1 septembre 2017

Y a qu'là qu'on est bien

À droite de mon banc s’ouvrait précisément un trou, large, à même le trottoir dans le genre du métro de chez nous. Ce trou me parut propice, vaste qu’il était, avec un escalier dedans tout en marbre rose. J’avais déjà vu bien des gens de la rue y disparaître et puis en ressortir. C’était dans ce souterrain qu’ils allaient faire leurs besoins. Je fus immédiatement fixé. En marbre aussi la salle où se passait la chose. Une espèce de piscine, mais alors vidée de toute son eau, une piscine infecte, remplie seulement d’un jour filtré, mourant, qui venait finir là sur les hommes déboutonnés au milieu de leurs odeurs et bien cramoisis à pousser leurs sales affaires devant tout le monde, avec des bruits barbares.

Entre hommes, comme ça, sans façons, aux rires de tous ceux qui étaient autour, accompagnés des encouragements qu’ils se donnaient comme au football. On enlevait son veston d’abord, en arrivant, comme pour effectuer un exercice de force. On se mettait en tenue en somme, c’était le rite.

Et puis bien débraillés, rotant et pire, gesticulant comme au préau des fous, ils s’installaient dans la caverne fécale. Les nouveaux arrivants devaient répondre à mille plaisanteries dégueulasses pendant qu’ils descendaient les gradins de la rue ; mais ils paraissaient tous enchantés quand même.


Autant là-haut sur le trottoir ils se tenaient bien les hommes et strictement, tristement même, autant la perspective d’avoir à se vider les tripes en compagnie tumultueuse paraissait les libérer et les réjouir intimement.

Les portes des cabinets largement maculées pendaient, arrachées à leurs gonds. On passait de l’une à l’autre cellule pour bavarder un brin, ceux qui attendaient un siège vide fumaient des cigares lourds en tapant sur l’épaule de l’occupant en travail, lui, obstiné, la tête crispée, enfermée dans ses mains. Beaucoup en geignaient fort comme les blessés et les parturientes. On menaçait les constipés de tortures ingénieuses.

Quand un giclement d’eau annonçait une vacance, des clameurs redoublaient autour de l’alvéole libre, dont on jouait alors souvent la possession à pile ou face. Les journaux sitôt lus, bien qu’épais comme de petits coussins, se trouvaient dissous instantanément par la meute de ces travailleurs rectaux. On discernait mal les figures à cause de la fumée. Je n’osais pas trop avancer vers eux à cause de leurs odeurs.


Ce contraste était bien fait pour déconcerter un étranger. Tout ce débraillage intime, cette formidable familiarité intestinale et dans la rue cette parfaite contrainte ! J’en demeurais étourdi.

Je remontai au jour par les mêmes marches pour me reposer sur le même banc. Débauche soudaine de digestions et de vulgarité. Découverte du communisme joyeux du caca. Je laissais chacun de leur côté les aspects si déconcertants de la même aventure. Je n’avais pas la force de les analyser ni d’en effectuer la synthèse. C’est dormir que je désirais impérieusement. Délicieuse et rare frénésie !

Louis-Ferdinand Céline.- Voyage au bout de la nuit.



Rien à voir, si ce n'est que c'est une vraie merde, si vous voulez avoir un microscopique sentiment d'oeuvrer, vous aussi, tout en préservant votre pied de la bouillie, vous pouvez-toujours écrire aux copains blessés, ou signer.